Le rorqual bleu (également appelé baleine bleue) est le plus grand animal ayant jamais vécu sur la planète, dépassant même les dinosaures. Il suscite l’admiration et l’émerveillement par tous les records qu’il bat : le plus grand spécimen jamais enregistré mesurait 33 m de long ; le rorqual bleu a un cœur de la taille d’une petite voiture ; un enfant pourrait ramper dans ses artères ; et il produit le son le plus fort de la planète, même si sa fréquence est trop basse pour que les humains puissent l’entendre. Il existe au moins cinq sous-espèces reconnues de rorqual bleu qui vivent dans différents bassins océaniques :
Le rorqual bleu pygmée est plus petit et sa présence est généralement limitée à l’hémisphère Sud, y compris l’océan Indien. Les « vrais » rorquals bleus font référence aux sous-espèces musculus, intermedia et indica, de plus grande taille. Les rorquals bleus de l’Antarctique (intermedia) sont les plus grands de l’espèce, mais ils ont été gravement décimés par des décennies de chasse à la baleine. Les rorquals bleus se rencontrent généralement au large, et leurs migrations saisonnières ainsi que leurs zones de reproduction et d’alimentation sont plutôt mal connues. Cependant, il existe quelques endroits où on peut les voir assez régulièrement lors d’excursions d’observation des baleines, comme le golfe de Californie au Mexique, le golfe du Saint-Laurent au Canada, la côte californienne des États-Unis et Sri Lanka.
Le rorqual bleu a la même silhouette que les autres rorquals comme le rorqual de Bryde, le rorqual boréal et le rorqual commun. Cependant, sa grande taille et sa coloration bleue tachetée unique devraient le rendre facile à distinguer de toute autre espèce.
Les rorquals bleus sont présents dans tous les grands océans du monde, à l’exception de l’Arctique1,2. Ils sont également absents de certaines mers régionales telles que la Méditerranée, la mer d’Okhotsk et la mer de Béring. On ne les voit presque jamais au large de l’est de l’Amérique du Sud ou de l’est de l’Australie. Malgré leur vaste aire de répartition, les rorquals bleus ne sont pas souvent observés, en partie à cause de leurs effectifs réduits, et en partie parce qu’ils vivent généralement en haute mer, avec seulement quelques zones de reproduction et d’alimentation côtières connues.
Présence dans les pays et territoires suivants : Afrique du Sud ; Angola ; Argentine ; Australie ; Bahamas ; Bangladesh ; Bénin ; Bermudes ; Brésil ; Cameroun ; Cabo Verde ; Canada ; Chili ; Chine ; Colombie ; Comores ; Costa Rica ; Côte d’Ivoire ; Djibouti ; El Salvador ; Équateur ; Érythrée ; Espagne ; États-Unis d’Amérique ; Fédération de Russie ; France ; Gabon ; Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud ; Ghana ; Gibraltar ; Grèce ; Grenade ; Groenland ; Guatemala ; Guinée Équatoriale ; Îles Cocos (Keeling) ; Îles Cook ; Îles Féroé ; Îles Malouines (Falkland/Malvinas) ; Îles Mariannes septentrionales ; Îles Marshall ; Îles Pitcairn ; Inde ; Indonésie ; Irak ; Iran (République islamique d’) ; Irlande ; Islande ; Japon ; Kenya ; Madagascar ; Malaisie ; Maldives ; Maroc ; Maurice ; Mauritanie ; Mexique ; Mozambique ; Myanmar ; Namibie ; Nicaragua ; Nigéria ; Norvège ; Nouvelle-Calédonie ; Nouvelle-Zélande ; Oman ; Pakistan ; Palaos ; Panama ; Pérou ; Philippines ; Portugal ; Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ; Sahara occidental ; Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha (Tristan da Cunha) ; Saint-Pierre-et-Miquelon ; Sao Tomé-et-Principe ; Sénégal ; Seychelles ; Somalie ; Sri Lanka ; Taiwan (Province de Chine) ; Tanzanie (République-Unie de) ; Terres australes françaises ; Thaïlande ; Timor-Leste ; Togo ; Uruguay ; Yémen.
Dans toute son aire de répartition, le rorqual bleu se nourrit principalement de petits crustacés appelés krill et ressemblant à des crevettes. Si les espèces de krill peuvent différer d’un bassin océanique à l’autre, la manière dont le rorqual se nourrit est la même. Il est qualifié de baleine engouffreuse car il engloutit généralement de grands nuages de proies, soit en arrivant directement par-dessous, la bouche ouverte et les plis de la gorge déployés, soit en nageant sur le côté la bouche ouverte. Par cette technique, il peut engloutir plus de 100 tonnes d’eau et de krill. Il ferme ensuite la bouche et contracte les plis de sa gorge, ce qui a pour effet de faire ressortir l’eau à travers ses fanons tout en retenant le krill.
On sait très peu de choses sur l’accouplement et la mise bas des rorquals bleus, bien que quelques zones d’allaitement aient été identifiées, par exemple dans le golfe de Californie. Le baleineau naît généralement en hiver après une période de gestation de 10 à 12 mois, et reste avec sa mère pendant environ 8 mois, au cours desquels il peut doubler de taille, prenant jusqu’à 90 kg par jour en buvant le lait riche de sa mère (le lait de baleine a presque la consistance du fromage blanc avec une teneur en graisse de 30 à 40 %). Les rorquals bleus sont généralement observés seuls ou en couple, et ne forment pas de grands rassemblements pour l’accouplement comme d’autres espèces. Ils peuvent cependant se rassembler en grand nombre lorsque de bonnes opportunités d’alimentation se présentent. Ayant une répartition éparse dans les océans du monde, les rorquals bleus utilisent des vocalisations puissantes pour communiquer entre eux sur de longues distances. Leurs vocalisations sont généralement infrasoniques (17-20 Hz) et trop basses pour être entendues par les humains, mais à 188 décibels, elles constituent l’un des sons les plus forts et les plus bas produits par un animal1.
Les rorquals bleus sont reconnaissables individuellement à la présence de taches sur leurs flancs ou leurs côtés. Les chercheurs constituent des catalogues d’individus – tels que ceux de la baie de Loreto, au Mexique suivis depuis plus de 25 ans3 – et établissent ainsi des estimations de population, comme cela a été fait pour les rorquals bleus au large des côtes de la Californie4 et du Chili. Les rorquals bleus sont également étudiés grâce à la pose de balises satellites qui permettent de suivre leurs déplacements dans le temps et de déterminer les zones importantes pour eux. Cette approche a mis en évidence un chevauchement entre l’habitat du rorqual bleu et les couloirs de navigation au large des côtes californiennes5,6.
Le seul prédateur naturel connu des rorquals bleus est l’orque7. En 1978, un documentaire de National Geographic montrait la chasse et la prédation d’un baleineau de rorqual bleu, mais de tels événements sont rares car les rorquals bleus peuvent généralement nager plus vite que les orques et échapper ainsi à tout danger.
Alors que l’enchevêtrement accidentel dans les engins de pêche constitue la plus grande menace pour la plupart des autres espèces de baleines et de dauphins, le rorqual bleu, grâce à sa grande taille et sa force, peut se libérer des engins plus facilement que les autres espèces. Les mentions d’enchevêtrements mortels sont rares pour cette baleine, bien que 12 % des rorquals bleus trouvés dans les eaux de l’est du Canada portent des cicatrices provoquées par des engins de pêche1. Les collisions avec les navires semblent constituer un risque plus élevé pour cette baleine, en particulier dans les zones où son habitat chevauche les voies de navigation, comme c’est le cas au large de la Californie et de Sri Lanka5,6,8,9. L’exploitation commerciale du krill et le changement climatique affectant la répartition du krill dans divers bassins océaniques pourraient également avoir des conséquences négatives sur les rorquals bleus10.
Parce qu’un seul individu produisait tant d’huile, le rorqual bleu était très prisé par les baleiniers. Toutefois, jusqu’à l’avènement des harpons mécanisés et des navires-usines assez rapides et assez grands pour le chasser et le traiter, il était relativement inaccessible. Le plus grand nombre de rorquals bleus a été chassé dans la première moitié du XXe siècle, avec près de 30 000 individus tués au cours de la seule saison 1930-31. Plus de 300 000 rorquals bleus ont été tués dans l’hémisphère Sud seulement, et 20 000 autres dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord combinés.
Les rorquals bleus sont protégés de la chasse par la CBI depuis 1966, et aujourd’hui, certaines populations semblent se reconstituer à un rythme pouvant atteindre 7 % par an11. Toutefois de nombreuses populations sont encore réduites, et d’autres sont difficiles à étudier en raison de leur répartition diffuse dans les eaux du large. À l’échelle mondiale, l’espèce figure dans la catégorie En danger sur la Liste rouge de l’UICN, et à l’Annexe I de la Convention sur les espèces migratrices (CMS). La sous-espèce de l’Antarctique est classée dans la catégorie En danger critique d’extinction, la population actuelle étant toujours estimée à moins de 1 % de sa taille d’origine avant la période de la chasse à la baleine12. Le rorqual bleu pygmée est classé dans la catégorie Données insuffisantes sur la Liste rouge de l’UICN. Les rorquals bleus du nord de l’océan Indien n’ont pas été évalués séparément, mais seraient très probablement aussi dans la catégorie Données insuffisantes.
Lorsque l’on rencontre des rorquals bleus, ils offrent un spectacle à couper le souffle. Même s’ils n’effectuent pas les sauts et les démonstrations typiques des baleines à bosse ou des baleines franches, leur taille et leur grâce impressionneront les spectateurs. Ils ne sont pas souvent la cible principale des excursions d’observation des baleines, et de ce fait, peu d’études ont porté sur les impacts potentiels de ces activités sur cette espèce. Toutefois, des chercheurs de la baie de Loreto, au Mexique, ont travaillé en étroite collaboration avec les autorités du parc national et les organisateurs d’excursions d’observation des baleines afin de promouvoir et de développer l’observation « passive » en bateau, une méthode selon laquelle les bateaux se tiennent à une distance d’au moins 100 mètres des baleines et éteignent leurs moteurs pendant la phase d’observation. Il a été prouvé que cette pratique a moins de conséquences sur le comportement des rorquals et qu’elle permet de les observer plus longtemps et de manière plus enrichissante. Pour en savoir plus sur l’étude de cas de la baie de Loreto, cliquer ici.